La voiture en Tarentaise

Samedi 7 mars de nombreuses associations se sont réunies pour former une chaine humaine en Maurienne et ainsi réclamer la mise sur le train des camions qui transitent par les Alpes. Cette action résulte d’un constat largement partagé : l’air des vallées alpines est pollué. Les transports routiers, l’industrie et le chauffage au bois ajoutent leurs pollutions respectives qui provoquent nombre de maladies respiratoires et des décès prématurés. Au sommet de l’Etat le projet Lyon Turin à grande vitesse est mis en avant depuis de nombreuses années comme La Solution. Mais le tunnel actuel du Mont Cenis n’est utilisé qu’à une faible proportion de sa capacité et il a été rénové. Nos voisins suisses font passer 4 ou 5 fois plus de trafic sous le Saint Gothard avec un tunnel plus haut et plus raide. L’éco taxe a été hélas enterrée... Il existe également une voie ferrée qui a été rénovée entre Ambérieu et le tunnel du Mont Cenis et rien n’empêche d’y mettre des camions sur des trains tout de suite à part le manque de volonté politique...


Et la Tarentaise dans tout çà ?
Nous savons tous que cette vallée est embouteillée quelques week-ends par an. Nous faisons tous le constat que la qualité de l’air baisse d’année en année pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut. Le tourisme hivernal, bien que réservé à une élite fortunée, reste un tourisme de masse. Il s’accompagne de déplacements sur de longues distances en voiture qui expliquent évidemment une part importante de la pollution que nous connaissons. L’avion est le plus gros contributeur à notre production de CO2. Chacun d’entre nous a bien sûr sa part de responsabilité en utilisant sa voiture ou en se chauffant au bois. Récemment, différentes personnes ont tenté de relancer la réflexion autour d’un tunnel sous le Col du Saint Bernard. Les arguments avancés seraient le désenclavement de la Tarentaise en hiver et un trajet plus court pour les européens du nord qui emprunteraient alors successivement les deux tunnels du Mont blanc et celui du Saint Bernard.... Il n’est pas certain que le raccourci envisagé soit effectif : la montée à la Thuile côté italien et la descente depuis la Rosière jusqu’à Seez risqueraient d’être dissuasifs.... A l’heure où l’on prend conscience que l’argent public doit être utilisé avec parcimonie et pour le bien du plus grand nombre, nous avons l’impression que ce projet mérite d’être classé dans les grands projets inutiles et couteux. Les 48 millions d’euros affichés pour les aménagements en cours en amont de Moutiers devraient amener les pouvoirs publics et les acteurs locaux à la raison.

Cette idée pour Vivre en Tarentaise laisse penser que pour le moment on refuse de se pencher sur les solutions d’avenir à mettre en œuvre pour réduire la part du transport individuel et la reporter sur le transport collectif. La voie ferrée est largement sous utilisée. Elle n’est saturée que le samedi dans la journée. Les trains de nuit disparaissent alors qu’ils sont moins couteux et que la durée du trajet n’a pas une grande importance quand on est installé dans sa couchette. Nos voisins de l’Isère réalisent déjà 25% de leur chiffre d’affaire hivernal sur des séjours décalés ou plus courts que la semaine. Nos hôteliers l’ont souvent déjà compris, mais il reste à assouplir la mise en location de tous les types d’hébergement. Cela permettrait d’étaler les transports par le train sur tous les jours et toutes les nuits. Cela permettrait également de répartir la charge de travail d’accueil, de ménage et d’installation sur plusieurs jours et aboutirait sans doute à la création d’emplois nouveaux.

L’utilisation intense de la voie ferrée devrait être complétée par un réseau de bus desservant nos stations et nos villages. Eventuellement la réflexion pourrait intégrer une part plus grande de transport par le câble du fond de vallée vers les stations. Il faudrait en évaluer le coût de réalisation et l’impact paysager. Parallèlement aux transports longue distance par le rail, il conviendrait le mettre en place aussi vite que possible un tram-train Tarentaise entre Bourg Saint Maurice et Albertville comme le réclame depuis longtemps le Conseil Local de Développement. De nombreuses personnes qui travaillent en Tarentaise ont renoncé à y loger principalement pour des raisons de coût... D’où les mouvements «pendulaires journaliers» que l’on connait sur la RN 90.

N’oublions pas que si le prix du pétrole est actuellement bas, cela ne saurait durer. La hausse du niveau de vie des milliards d’habitants de compte désormais la Terre va nécessairement entrainer une hausse du prix des carburants. Cette hausse rendra l’accès à la Tarentaise plus cher et elle se traduira pas des frais de chauffage de plus en plus élevés, à moins que l’on se décide à isoler massivement nos logements...

Ouvrons les yeux ! Il ne sert à rien de multiplier les accès routiers à la Tarentaise qui est déjà largement noyée sous le flot journalier des véhicules.

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