D’autre part, le développement de « l’or blanc » s’est accompagné de la construction massive de logements en altitude : 300 000 à 400 000 lits financés à coup de rabais fiscaux. Aujourd’hui beaucoup de propriétaires ont « rentabilité » leur investissement et ne souhaitent plus louer. Le parc locatif des différentes stations de ski diminue chaque année et pour compenser les « pertes », on continue de bétonner nos montagnes… Mais l’espace pour construire sur les sites concernés est limité et il faut donc prendre des mesures favorisant le « réchauffement » des lits froids. On se heurte évidemment à la propriété individuelle et au statut des résidences secondaires en station…Vaste débat.
La population de Tarentaise vieillit et de nouvelles générations aspirent à se loger. Jusqu’à présent l’urbanisme s’est développé là où il était facile de construire c'est-à-dire en terrain plat et ceci aux dépens de notre activité agricole qui a besoin d’espaces de fauche mécanisables. Il faut savoir qu’en haute Tarentaise le respect du cahier des charges de l’AOP Beaufort est difficile car les prés faciles à faucher manquent…Parallèlement le développement de zones artisanales ou commerciales grignote également ces surfaces tant convoitées. Pensons également aux routes qui s’élargissent aux parkings, aux déviations… Il nous faut donc construire différemment et ailleurs que dans les terrains plats. Il nous faut privilégier le logement collectif qu’il faudra rendre plus attractif.
Le tourisme estival en Tarentaise baisse d’année en année. Les aménagements lourds réalisés dans les années 80 pèsent sur son image et beaucoup ne voient cette vallée que comme un vaste espace artificialisé. Ce n’est pas vrai ! Il reste en Tarentaise de vastes espaces remarquables par leurs paysages, leur architecture, leur patrimoine naturel. Il y a bien sûr aussi le parc de la Vanoise et différentes réserves naturelles. Mais jusqu’à présent nos élus se sont abstenus de communiquer là-dessus, de peur peut être de déclencher de nouvelles mesures de protection vécues comme une dépossession… Pourtant l’avenir touristique de ce secteur se joue là.. Nous avons un patrimoine naturel exceptionnel mais aucune maison du patrimoine digne de ce nom sous prétexte que les frais de fonctionnement en seraient élevés… Aucune politique supra communale à ce jour…La structure de nos collectivités n’est pas encore adaptée à ce défi...
Il faudrait ajouter à cette trop rapide présentation la question du silence en montagne et la difficile gestion des engins motorisés. La question aussi de l’eau et de la multiplication des projets de microcentrales..Comment acheminer en Tarentaise des millions de touristes et lutter contre l’effet de serre ?.. Trop de transport en avion, trop de voitures individuelles..Peut-on diversifier l’agriculture, mieux entretenir l’espace, mieux trier nos déchets ? On le voit les sujets environnementaux sont nombreux, entremêlés, complexes à traiter dans cette vallée… Vivre en Tarentaise essaie modestement de participer à tous ces débats et bien d’autres…
Alain Machet pour Vivre en Tarentaise