Ce dernier démantèlement nous parait discutable car il s’agit d’un transport public par câble très apprécié du public. De nombreux logements ont été acquis avec la promesse du maintien de cette desserte par convention. Le remplacement de cette remontée par des bus diesel ne semble pas très judicieux, même si pour des raisons paysagères elle pourrait se justifier. Mais une concertation avec les copropriétaires concernés s’impose. Pourquoi pas des bus alimentés au GPL ou au GNV par exemple ? Ce point risque d’alimenter évidemment des recours contentieux.
Une pétition sur internet a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures d’opposants au projet.
La réalisation de la télécabine va concerner un espace naturel remarquable pour des raisons géologiques, floristiques, faunistiques et paysagères. Les inventaires menés par le bureau d’étude Karum confirment nos affirmations. De nombreuses espèces protégées ont été inventoriées et plusieurs espèces d’oiseaux protégés sont présents sur le site. Mais ces éléments pourraient être complétés dans bien des domaines.
Le site est reconnu comme unique en Europe et peut être même sur notre planète. Il comprend plus d’un millier d’entonnoirs de gypse et porte en partie une forêt de pins cembro. C’est le seul endroit connu en Europe pour présenter cette particularité. Cela explique que différents universitaires se soient intéressés à cet espace. La collectivité et la société de remontées mécaniques sont sans doute conscientes également du caractère exceptionnel du site.
L’association Vivre en Tarentaise avait attiré l’attention des services de l’Etat en 2016 sur la nécessité de mieux gérer ce site et d’encadrer strictement les activités qui s’y déroulent. Les entonnoirs sont très friables, leur taille évolue dans le temps et les espèces associées sont très fragiles. Inutile de préciser que la pratique du VTT ou de la marche à pied peut entrainer des dégradations importantes. Le ski hors-piste atteint les arbres en les blessant .. Aucune réponse n’a été apportée à ce courrier et nous le regrettons.
Aujourd’hui une enquête publique est ouverte au sujet d’un projet qui prévoit d’implanter 13 pylônes dans une zone fragile abritant de nombreuses espèces protégées dont on envisage de transplanter une partie des stations... Il ne semble pas que la perspective de détruire l’intérêt paysager de ce secteur ait effrayé les promoteurs de cette télécabine. On remarquera que ce site est le résultat de différentes actions naturelles qui s’échelonnent sur les milliers d’années alors que l’homme s’apprête à achever sa destruction en quelques années en implantant des installations dont la durée de vie sera limitée rapidement par le réchauffement climatique
Notre structure attendait avec intérêt de lire les recommandations ou l’avis des services de la DREAL. Or il apparait qu’un avis par défaut a été délivré. Cela signifie que ces services de l’Etat n’ont pas eu le temps de venir sur le terrain ou n’ont pas disposé du personnel ou des moyens financiers nécessaires pour émettre un avis motivé. Il parait difficile de croire que pour un site unique (au moins) en Europe la DREAL n’ait pas le moindre commentaire à faire.
Bien sûr nous n’ignorons pas que La Plagne est une grande station de ski avec des enjeux financiers importants. Mais l’enjeu du tourisme estival souligné dans le SCOT Tarentaise impose de mieux gérer et de mieux protéger l’espace qui nous préoccupe aujourd’hui. Un arrêté de protection de biotope serait sans doute l’outil le mieux adapté. Il parait évident que des sorties encadrées pourraient être proposées au public afin qu’il découvre les différents aspects du secteur.
Les grands axes du PLU de la commune sont affichées dans l’entrée de la mairie. Il envisage de valoriser « les éléments caractéristiques du patrimoine communal ». Il prévoit également de « faire de la biodiversité un outil de valorisation et d’aménagement du territoire ». Le projet soumis à enquête ne parait pas de notre point de vue conforme à ces bonnes intentions.
En tout état de cause il nous parait essentiel de ne pas altérer davantage cet espace et d’étudier à fond toutes les alternatives à cette télécabine.
Or, pour implanter les pylônes le recours à des engins 4x4 et à une pelle araignée est envisagé. Comme le terrain est gypseux, il est probable qu’il faudra creuser différents trous pour chaque embase afin de trouver une zone suffisamment solide.. Tout cela nous parait incompatible avec la nature du sol et sa richesse en espèces protégées.
Le terrassement de la gare amont et les remodelages de pistes programmés vont concerner également de nombreuses espèces végétales protégées ainsi que les insectes associés (Azuré du serpollet). Compte tenu de la nature du terrain il est permis de douter que la re végétalisation soit effective. Voir cartes dans l’étude d’impact pages : 199, 244, 245,248 par exemple.
Le départ de la remontée est proche d’une zone exploitée comme mine de plomb argentifère à différentes époques très étalées dans le temps. Il est permis de s’inquiéter de la pertinence du site choisi car l’ensemble des boyaux ne semble pas avoir été localisé compte tenu de l’ancienneté de l’exploitation du site.
Plusieurs tracés alternatifs semblent avoir été envisagés. Mais en réalité pour 3 d’entre eux il s’agit de variantes assez proches de l’itinéraire retenu. La variante 4 (TSD Bergerie) par contre propose d’augmenter la capacité de transport d’une remontée existante de 800 personnes à l’heure. Il est affirmé page 224 que cela est impossible pour des raisons qui ne sont pas précisées. Cette option mériterait à notre avis d’être explorée à fond car elle éviterait de provoquer de nouveaux terrassements et de porter atteinte à la naturalité d’une partie de l’espace en amont de la station.
Le tracé retenu n’a-t-il pas été choisi car c’est celui qui permet d’augmenter le mieux la surface skiable ?
On apprend en lisant le dossier que « l’engorgement » du départ des remontées actuelles sera accentué par la réalisation de lits supplémentaires à Aime 2000. Comme quoi le bétonnage d’un secteur peut avoir des conséquences en cascade éloignées de son point de départ. Tout cela n’avait pas été prévu lors du dossier UTN d’Aime 2000 que notre association avait contesté à l’époque...
En conclusion, l’association Vivre en tarentaise émet un avis négatif sur le projet d’aménagement. Elle demande la rédaction d’un arrêté de protection de biotope avant tout nouvel aménagement sur le site. Elle demande que l’on examine toutes les possibilités d’augmentation de capacité des remontées existantes. Elle souhaite également que l’on freine de façon drastique le rythme des constructions nouvelles sur cette station comme sur ses concurrentes.