Nouvelle télécabine sur Bellecôte

Aménagement glacier de Bellecôte
La SAP souhaite réaménager la partie supérieure de son domaine skiable. La télécabine du glacier de Bellecôte date des années 70, les télésièges qui le complètent sont soumis à des mouvements de sol du fait du recul glaciaire et de la fonte du permafrost. D’autre part à chaque grosse chute de neige la réouverture de la télécabine et du domaine skiable prennent du temps car beaucoup de neige s’accumule autour des gares de télésiège. Certaines pistes noires sont trop difficiles pour le public actuel...

La SAP propose donc de décaler complètement la partie supérieure du télécabine sur l’épaule gauche de Bellecôte à 3000m environ d’altitude. Tout le reste serait démonté et rendu à la nature. Au lieu de 4 remontées : une seule. Démontage des pylônes gommage des pistes et démontage de diverses cabanes.
Ce projet présente évidemment des points positifs puisqu’un espace non négligeable « sera rendu à la nature ». Le basculement sur le refuge de Plaisance sera beaucoup moins facile qu’auparavant puisqu’il nécessitera de remonter avec des peaux de phoque.. La faune qui hiverne au-dessus de ce refuge ne s’en plaindra pas.
Mais là où la gare d’arrivée est prévue il y a un grand nombre de plantes protégées : 1300 pieds d’Androsace alpine principalement. La destruction de ceux-ci est interdite par la loi.. L’implantation des pylônes impactera également différentes stations de plantes sous statut de protection. Une dérogation a été demandée à la CNPN.
Celle-ci dans sa réponse modère les affirmations de l’aménageur quant aux probabilités de reprise des végétaux qui vont être transplantés ou replantés via une récolte de graines. Elle note que l’existence de l’observatoire environnemental de La Plagne est un bon point mais que son existence est relativement récente et qu’il faudra juger de son action dans la durée.. La commission émet finalement un avis positif à condition que l’espace « renaturé » soit l’objet d’une maitrise foncière forte pour une durée de 30 ans.
On remarque que cette question ne semble pas avoir été abordée dans les déclarations des deux Conseils Municipaux concernés. Il s’agit pourtant d’un point essentiel puisqu’il s’agit de l’espace qui sera libéré de ses aménagements et qui recevra les plantes transplantées. Ce secteur se trouve sur le territoire de la commune de Champagny , mais sur des parcelles appartenant à l’ex commune de Macôt. C’est une situation classique en Tarentaise.
La gare d’arrivée serait très peu visible depuis l’église de Peisey ou ND des Vernettes. 16 m2 parait-il.. C’est également un sujet sensible.
On notera que la future remontée sera beaucoup plus efficace que l’actuelle qui ne peut fonctionner rapidement en cas de mauvais temps. D’autre part le débit de 1700 personnes à l’heure parait impressionnant. Quelles seront les conséquences d’une telle fréquentation à près de 3000m d’altitude ? En cas de mauvais temps comment rapatrier rapidement un tel nombre de personnes plongées en milieu hostile loin de l’urbanisation de la Plagne ?? Quel sera l’accroissement du ski hors-piste avec son impact sur la faune ? Cet aspect des choses ne semble pas avoir été évalué ou évoqué dans l’étude d’impact.
La SAP a eu la bonne idée d’inviter l’association Vivre en Tarentaise à une présentation du projet le 15 juin 2019. C’est un geste positif et la réunion s’est déroulée dans une ambiance cordiale.


L’association Vivre en Tarentaise reste inquiète malgré tout sur plusieurs points :
1°) Nous connaissons le déclin actuel de la biodiversité à l’échelle planétaire. Celui-ci existe aussi en Tarentaise même s’il ne saute pas aux yeux du grand public. A chaque projet d’aménagement dans les stations de ski il y a des plantes rares qui sont sacrifiées pour entretenir ou développer l’outil économique. Chaque grande station met en place un observatoire environnemental, mais l’accès aux données recueillies est souvent restreint. Pourquoi ne pas faire bénéficier les organismes nationaux des relevés naturalistes effectués. Le conservatoire botanique alpin n’est pas destinataire des informations collectées lors des différents aménagements. Dans le projet qui nous intéresse aujourd’hui le nombres de plantes et de stations qui vont être détruites est vraiment très élevé. L’opération de replantation et de déplacement qui va être tentée fera l’objet d’un suivi environnemental. Il serait bon que cette opération au fil des années soit complètement transparente afin que cette expérience puise éclairer éventuellement des choix sur d’autres projets. Pourquoi pas un observateur extérieur à la station : conservatoire du patrimoine de Savoie, PNV, ONF...
2°) La maitrise foncière pour une durée de 30 ans est une condition posée par la CNPN à la mesure dérogatoire. L’association Vivre en Tarentaise souhaite donc que le secteur rendu à la nature fasse l’objet d’un arrêté préfectoral de protection de biotope précisant ce que l’on peut y faire ou ne pas faire. Cela nous parait indispensable. Nous tenons également à rappeler une nouvelle fois que nous attendons la rédaction d’un arrêté de protection de biotope sur la Cembraie de la Plagne qui présente des caractéristiques géologiques et naturalistes exceptionnelles. La rédaction de ces deux documents avec l’aide de la SAP et des administrations nous semblerait une compensation à la hauteur des dommages causés à la biodiversité par les travaux projetés.
La gare amont de la télécabine sera légèrement visible depuis la vallée de Peisey-Nancroix. Compte tenu de la présence des sites protégés et de la qualité des paysages de cette vallée il serait bon de masquer cette gare d’arrivée par un mur en pierre locale aux contours aléatoires qui éviterait cette artificialisation.

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