Le contraste entre la zone cœur, paradis du wilderness, et l’ex zone périphérique, parfois hyper aménagée, rend l’exercice difficile. Il faut définir quels objectifs nous souhaitons atteindre, vers quelle « montagne » nous voulons aller…Et les incertitudes sont nombreuses en termes de climat, de mode, de coût de déplacement, d’économie…
Il paraît clair pour les associations, voire pour l’Etat que le marché du ski de piste est mature et qu’il faut conforter l’existant tout en diversifiant les activités proposées dans les stations de montagne. Mais est ce que tous les aménageurs ont intégré l’idée que le développement du ski de piste arrivait à son terme ? Ce n’est pas sûr car d’aucuns répondent que le réchauffement climatique touchera la Tarentaise après les autres massifs et qu’il y aurait là une opportunité à saisir pour bétonner encore….
Cependant, beaucoup d’acteurs associatifs, voire économiques ou agricoles s’accordent sur le fait que la relance du tourisme estival recèle des marges de « croissance ». Mais pour renouer avec la fréquentation d’autrefois il semble nécessaire de corriger l’image de montagne très aménagée qui colle au plus vaste domaine skiable du monde. Des actions de reconquête architecturale, de soutien à l’activité agricole, de promotion de l’écocitoyenneté, de développement des transports en commun, de mise en valeur des différents patrimoines, de croissance de l’offre culturelle et festive, de protection des sites majeurs et de la biodiversité sont nécessaires.
La reconnaissance du silence comme un élément fondamental du caractère montagnard devrait conduire à davantage de réserve dans l’utilisation de l’hélicoptère et à une application stricte de la loi sur la circulation des engins motorisés.
Le réaménagement des stations, l’isolation des logements touristiques, le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique pourraient devenir le grand chantier des trente prochaines années. Mais il est tellement plus simple de construire de nouvelles résidences de tourisme qualifiées de « nouveau concept » grâce à quelques panneaux photovoltaïques… Le projet avorté de Directive Territoriale d’Aménagement » montre à quel point il est difficile pour l’Etat de mettre fin au bétonnage de la montagne. Pourtant, en poursuivant dans la voie de l’artificialisation de l’espace les stations de Vanoise ne risquent-elles pas de scier la branche qui soutient l’économie de Savoie et d’une partie de la région Rhône Alpes ?
La question des lits froids est un vrai problème et il doit être traité par l’Etat. Un récent rapport ministériel tente de proposer des solutions à travers des modifications fiscales. Que deviendra ce rapport ? Mais les collectivités ont aussi la possibilité d’agir sur la fiscalité locale pour encourager la remise sur le marché des lits froids, voire des lits « diffus » (loués au noir)…
Alors pour revenir à la charte :
Le tri sélectif en station concerne 5% des déchets ménagers. Est-ce que l’on se donne comme objectif de parvenir à 50% dans dix ans ?
En Tarentaise, il y a environ 340 000 lits touristiques. Combien de lits rénovés, réaménagés ou isolés sur la durée de la charte ?
75 % de l’effet de serre en Tarentaise serait du aux déplacements individuels en automobile. Quels objectifs sur dix ans ? Un plan transport à l’échelle du Territoire sera-t-il élaboré ?
Quels engagements en matière de protection des grands sites dans la périphérie de la Vanoise ?
Quelle réglementation pour la circulation motorisée sur les pistes d’alpage ? Quel avenir pour la promotion des loisirs motorisés ?
Quelle politique en matière architecturale ? Est-ce que des contraintes seront imposées dans ce domaine aux zones commerciales et artisanales. Est-ce que l’on ira vers une harmonisation des toitures, où est ce la coexistence des tôles multicolores, tuiles, lauzes, bardeaux restera la règle ?
Quels engagements pour le maintien des zones planes et peu pentues à l’activité agricole ?
Le lecteur l’aura compris, Vivre en Tarentaise est un peu déçue par le libellé de l’avant projet de charte. Il est très riche, il indique des directions, mais des objectifs concrets auraient permis rendre manifeste la volonté des communes signataires de participer à la construction d’une zone d’adhésion éco citoyenne. Cette charte s’imposera aux futurs schémas de cohérence territoriaux. Dans l’état actuel du texte, en dehors de principes généraux très louables, nous avons du mal à saisir quelles conséquences cela aura sur l’évolution des comportements en matière d’aménagement et de gestion de l’espace.
Alors ce label « commune du PNV » bradé ou pas ?