En 1997, un glissement de terrain très important condamne la liaison routière entre Doucy et Celliers. Dans ce dernier village un groupe important d’habitants travaille à la station de ski de Valmorel et se trouve donc dans l’impossibilité de poursuivre leur activité salariée. Et l’activité touristique hivernale de la commune est largement compromise.
En 2004, la solution d’une télécabine reliant le village de Celliers au domaine skiable de Valmorel est envisagée. Le maire délégué de Celliers (Paul Guillard, encore en place aujourd’hui), des représentants du Club Alpin Français et de Vivre en Tarentaise se rencontrent à plusieurs reprises pour échanger sur ce dossier. Le projet de remontée mécanique suscite de nombreuses réserves de la part des associations environnementales qui craignent une extension ultérieure sur l’autre rive de l’Eau Rousse, en amont de la route du Col de la Madeleine. Un compromis est alors trouvé entre les élus et les représentants des associations : un classement au titre des sites viendra préserver le massif de la Lauzière de toute détérioration paysagère et les associations ne s’opposeront pas à la mise en place de la liaison téléportée.
En 2006, la commission UTN du Comité de Massif des Alpes autorise la construction et prend note de la bonne volonté des élus en faveur du classement de site en tant que mesure compensatoire. Confiants dans la parole donnée les associations ne contestent pas l’arrêté UTN devant les tribunaux. La télécabine de Celliers est construite en 2008.
En 2009, une étude préalable au classement est réalisée par la DREAL Rhône-Alpes pour le SIVOM de la Lauzière. Elle met en avant « un espace montagnard préservé » ; « un grand paysage de Savoie » et « un milieu naturel remarquable ». Voici sa conclusion :
« Prolongement consensuel de la construction d’une infrastructure lourde de développement touristique, le classement de site envisagé sur le massif de la Lauzière vient conforter une renommée bien établie : celle d’un site […], malgré tout, resté en marge des transformations qui ont affectée, durant les décennies passées, la plupart des massifs montagneux des Alpes du Nord. » Le périmètre étudié ne concerne alors plus uniquement le territoire de la commune de Celliers, mais couvre aussi bien le versant tarin que le versant mauriennais dans le but d’avoir « un ensemble géographique et paysager plus cohérent ».
Une opposition fluctuante
En 2009, la commune de Bonneval s’oppose à ce projet de classement. Cette collectivité paralyse alors de fait le projet de protection envisagé. La procédure est relancée en 2016 à l’initiative de la DREAL. Les services de l’Etat ouvrent à nouveau le dossier et reprennent la concertation avec les collectivités en 2023. Il apparait que les collectivités de Maurienne (communes de Saint-François-Longchamps, Epierre, Argentine, La Chapelle) seraient favorables au classement alors que la commune de La Léchère (qui depuis a intégré Bonneval Tarentaise) et la communauté de communes de la vallée d’Aigueblanche s’y opposent en avançant le risque de sur fréquentation du massif qui découlerait de son classement. Cet argument nous semble particulièrement fallacieux, car d’une part la protection du site offre à la collectivité des moyens de mieux gérer cette fréquentation, et d’autre part cette collectivité est lauréate du programme européen « Espaces Valléens » dont l’un des objectifs est de développer le tourisme estival…..
Un nouveau contexte
Le jeudi 20 mars 2025, Madame la Ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche a réaffirmé la volonté du gouvernement et du chef de l’Etat de placer l’ensemble des glaciers et des espaces post-glaciaires de notre pays sous « protection forte ». Il se trouve que le massif de la Lauzière abrite de nombreux espaces post-glaciaires, et que tous les montagnards fréquentant le massif connaissent le glacier de Celliers qui agonise.
Dans ce contexte, il nous semble qu’il est grand temps que les termes du compromis trouvé en 2005/2006 soient respectés par les collectivités. La situation a évolué et les responsables des domaines skiables comme les élus locaux rencontrent plus fréquemment les associations pour évoquer des projets d’aménagement, mais aussi l’avenir du tourisme en montagne et de leurs territoires.
Aussi nous voulons croire que les services de l’Etat feront preuve de persuasion vis-à-vis des élus réticents en rappelant la bonne volonté du milieu associatif lors de l’UTN de 2006.