Quelques guides français usent et sans doute abusent de cette possibilité pour arrondir leurs fins de mois.
Souvent pour éviter de se fatiguer en poussant sur les bâtons ou en portant les skis, ils se font reprendre avec leurs clients au pied des pentes par un aéronef.
Depuis quelques temps on propose aussi à des groupes qui descendent vers les villages de la combe des Moulins en raquettes depuis la Rosière d’être repris en hélicoptère pour remonter dans la station….
Les associations de protection de la nature qui a priori partagent beaucoup de valeurs avec les guides, ont du mal à comprendre ce comportement de quelques uns qui porte atteinte au caractère de nos montagnes. Est-ce ainsi que l’on va restaurer l’image de la pratique sportive dans les Alpes ? Est-ce bien cela le « wilderness »? Où est le goût de l’effort ? Ce privilège réservé aux plus fortunés qui peuvent se payer l’accompagnement et le transport en altitude ne peut qu’exacerber les jalousies et brouiller toutes les campagnes destinées à relancer le tourisme doux en montagne.
Le silence n’est-il pas l’une des qualités les plus recherchées par nos visiteurs ? La pollution sonore nuit évidemment autant au randonneur présent et dépité lors de ces fameuses déposes ou reprises qu’à la faune locale qui n’a pas été consultée comme d’habitude. Comment un professionnel de la montagne, capable à priori d’effectuer de grandes courses dans un milieu difficile, peut-il infliger un tel spectacle à ceux qui fréquentent la montagne à pied ? Qui peut vraiment accepter aujourd’hui que les ultimes paysages de haute montagne, voués à la contemplation perdent ainsi leur magie ?
A l’heure où il semble important que chacun se mobilise pour réduire sa consommation d’énergie, comment peut-on demander des efforts à tous si certains se comportent comme des cumulards de l’effet de serre : dépose ou transport depuis l’aéroport le plus proche en hélico, locations de quads, ou déplacement en gros 4x4 etc…
N’est-il pas temps pour nos amis guides, mais aussi pour les écoles de ski ou encore les offices du tourisme de réfléchir à un code de bonne conduite pour préserver, voire restaurer, cet « outil de travail » que constitue le milieu montagnard avec ses derniers espaces vierges ?
Faut-il se résigner à voir la Tarentaise uniquement fréquentée par des personnes dont le portefeuille est bien garni et dont les préoccupations en matière d’environnement ne semblent pas évidentes?
Alain Machet Vivre en Tarentaise
Mars 2007