Les chiffres proposés par les tableaux du document interpellent !
1°) La part du nucléaire dans notre mix énergétique.
Il semble risqué de parier que l’ensemble des 56 réacteurs nucléaires en service à ce jour ne subira aucune avarie… D’autre part le choix de construire de nouveaux réacteurs EPR2 dont on ne sait pas quelle sera la fiabilité va se révéler très couteux financièrement. Et cela va demander beaucoup de temps alors qu’il est urgent d’agir pour faire baisser nos émissions. Avec l’argent consacré à ces nouvelles constructions il aurait été possible de financer l’installation de nombreuses toitures photovoltaïques, de panneaux solaires thermiques et surtout d’isoler massivement nos logements. L’argent consacré actuellement à aider la rénovation thermique est notoirement insuffisant. Ces aides sont limitées aux personnes ayant des revenus faibles. Et le niveau des aides accordées au classes moyennes ne peut pas déclencher des travaux couteux de rénovation.
Si chaque pays d’Europe adoptait le même choix que la France en matière de nucléaire cela aboutirait à la présence de plusieurs centaines de centrales en Europe avec un risque d’accident très élevé et concernant tout le continent ! On voit bien ce qui se passe en Ukraine actuellement... Alors revenons à la raison et réduisons progressivement le nombre de nos centrales. Cela n’exclut pas d’en maintenir une partie pour assurer une souplesse dans la gestion de l’équilibre production/demande.
Cela n’exclut pas non plus de poursuivre les études sur d’autres types de centrales par exemple celles au Thorium (plus abondant que l’uranium) ou celles aux sels fondus.
La gestion des déchets radioactifs ayant une durée de vie de 100 000 ans ne peut que nous conduire à la modération dans leur production.
Enfin, ne remplaçons pas notre dépendance au pétrole par une dépendance à l’uranium provenant de pays éloignés et peu démocratiques pour certains...
La production en série de petits réacteurs nucléaires peut faire baisser les coûts mais il est clair également que cela multiplie les problèmes de sécurité et les risques d’attentats. Avons-nous bien besoin de ce souci supplémentaire ?
2°) La mobilité.
Nous avons une grande marge de progression dans ce domaine. Mais il faut avoir la franchise de dire les choses à la population. On ne pourra pas continuer à vivre à l’avenir en se déplaçant en voiture ou en avion sans se soucier du coût climatique. Nous devons utiliser les transports collectifs et compléter les grands trajets en train par des locations de petits véhicules électriques…Quand est ce que les constructeurs français vont proposer des voitures électriques de petite taille et abordables ? Il faut travailler à faire baisser le prix du train pour qu’il soit davantage utilisé. Proposons des trains de nuit qu’il faut impérativement fabriquer rapidement et en quantité. Une concertation avec nos voisins est indispensable pour ouvrir des liaisons nocturnes entre les grandes villes d’Europe. Il y a sans doute des transversales où de nouvelles voies sont nécessaires.
La limitation de la vitesse des véhicules à 100km/h sur les autoroutes aurait un effet immédiat sur les émissions et la consommation de carburant. Qu’attendons-nous, alors que la réduction des émissions françaises de CO2 s’essouffle ?
La France vit en partie du tourisme. Mais une réflexion est nécessaire à ce sujet. Il parait illusoire d’imaginer que tous les avions qui volent aujourd’hui vont fonctionner avec des biocarburants à l’avenir. On ne sait pas à ce jour fabriquer ces nouveaux produits à partir de déchets agricoles et il en faudrait des volumes considérables. Il ne suffira pas de manger beaucoup de frites !
3°) La tarif de rachat de l’électricité Photovoltaïque.
Le tarif en vigueur vient de baisser et rallonge le délai de rentabilisation de l’achat de panneaux pour une maison individuelle. Il décourage donc les personnes qui souhaitaient investir. On ne peut que le regretter.
Ce nouvel épisode illustre la nécessité d'une planification : en divisant par 3 (de 12.7 à 4 centimes d’euro par kWh) le coût du rachat, l’arrêté S21 désorganise une nouvelle fois la filière photovoltaïque et remet durablement en question le développement des énergies renouvelables qui nécessitent une stratégie sur le temps long.
Ce choix par contre peut favoriser le recours à l’autoconsommation collective. Mais cela nécessite beaucoup de pédagogie vis-à-vis de la population. La gestion des échanges entre producteurs et consommateurs pourrait être simplifiée avec le développement d’applications fiables en libre accès.
4°) L’utilisation de pompes à chaleur géothermiques sur sondes verticales a sans doute un gros potentiel dans notre pays.
Mais elle nécessite des forages coûteux et de la formation pour les installateurs. Beaucoup conseillent faute de formation une pompe à chaleur aérothermique qui n’est pas toujours adaptée en montagne...
5°) Le recours au solaire thermique doit impérativement être relancé.
Sa contribution au chauffage des logements peut être très importante. Là aussi il est nécessaire de former les professionnels à l’utilisation combinée de plusieurs sources de chaleur…
Ne devrait-on pas développer/relancer la recherche sur le stockage saisonnier de la chaleur estivale ? Différents systèmes ont déjà été étudiés, mais il ne faut pas renoncer !
6°) La collecte des déchets fermentescibles devrait s’accompagner du développement de méthaniseurs.
Est que l’on peut envisager d’industrialiser leur production et d’assurer une totale maitrise des odeurs souvent observées.. Nos éleveurs pourraient évidemment utiliser ces dispositifs à condition de bien définir les conditions d’utilisation...
7°) La connaissance de l’impact carbone de nos comportements.
Chaque citoyen devrait être amené d’une façon ou d’une autre à faire son bilan carbone personnel afin de faire évoluer ses comportements. Sans ordres de grandeur clairs il est difficile de faire des choix. Par exemple sur les factures d’électricité on ne voit toujours pas apparaitre la consommation annuelle en KWH ! Il n’y a que les valeurs mensuelles qu’il faudrait ajouter…Dans nos déplacements le bilan carbone devrait être indiqué sur nos « tickets » de train, de bateau, d’avion.. Le commun des mortels peut parfois se donner bonne conscience en triant bien ses déchets ménagers, mais en changeant fréquemment de téléphone, en prenant l’avion plusieurs fois par an ou encore en passant des heures sur internet notre bilan explose...
8°) Le développement de l’éolien terrestre est limité actuellement par des zones réservées aux exercices militaires.
Cela exclut une grande partie du territoire français de la capacité d’utilisation de cette ressource. Il semble que nos voisins n’aient pas des proportions aussi importantes de territoires sans éolien pour des raisons militaires. Il semble raisonnable de les revoir à la baisse.
Certains groupes de pression s’opposent au développement de l’éolien terrestre au nom de la préservation de nos paysages. Ils peuvent avoir raison quand le site est vraiment remarquable. Mais comme ces groupes plaident souvent en parallèle pour un développement de la production nucléaire, il ne faudrait pas oublier l’impact paysager des très grosses lignes à haute tension qui sont associées à ces centrales. Toutes les personnes qui connaissent la ligne THT de haute Tarentaise seraient enchantées de la voir disparaitre et applaudiraient si on remplaçait chaque pylône par une éolienne...