Depuis plusieurs années ce projet ainsi que celui portant sur le Nant Bénin sont évoqués et ont soulevés de nombreuses oppositions. Le nant Bénin a obtenu le label « rivière sauvage » et aujourd’hui seul le dossier relatif au Ponthurin est présenté. Dans l’argumentaire du pétitionnaire il est largement fait état de la contribution du Nant Bénin au débit du Ponthurin en aval de la future prise d’eau. C’est effectivement un point important même si sur 300m le débit serait limité au débit réservé de 240l/s. Mais l’équipement du Nant Bénin est-il bien définitivement abandonné ? En l’absence de réponse claire cet argument qui est répété à plusieurs reprise dans le dossier n’a pas d’intérêt.
Le débit effectif de la rivière une fois de plus n’a pas été mesuré mais estimé en faisant référence à des données anciennes d’EDF (de 1948 à 1957) et à des valeurs plus récentes dont le cabinet ETRM auraient disposé (De quelle source ???) et enfin une comparaison avec des mesures de la station de l’Arc à Lanslebourg de 1961 à 1977. Il est d’ailleurs indiqué que la distance entre les deux sites doit impliquer « une prise en compte »..) (Pièce 4 pages 10 à 12).
La modélisation du débit du torrent nous parait donc contestable car basée sur des données anciennes et peu claires.
On trouvera ci-contre la courbe des précipitations relevées par la station météo de Bourg Saint Maurice jusqu’en 2015. La courbe de tendance traduit une baisse qui pourrait se poursuivre...
2°) L’étude d’impact parait avoir été menée avec sérieux en ce qui concerne les inventaires. Les avis de la mission MRAE ont été suivis d’informations complémentaires. Mais par exemple, un invertébré très rare a été découvert dans le Nant Bénin il y a un an. Sa présence aurait du être recherchée dans le Ponthurin du fait de la rareté de cette espèce qui ne semble détectable que par un spécialiste. (Rhyacophila glareosa McLachian 1867, Bonaparti Schmid 1947, Drusus Monticala McLachian 1876)
Pour que l’étude d’impact soit complète et conforme aux recommandations de la DREAL il aurait fallu effectuer régulièrement des visites de terrain au cours de la saison avec des personnes à la fois compétentes en matière de flore et de faune ce qui est plutôt rare.
Un tableau présentant toutes les dates des visites de terrain devrait figurer dans le dossier. Le nombre de pêches électriques a été limité à une seule journée apparemment. Cela nous semble insuffisant.
Le tracé de la route d’accès à la microcentrale va se dérouler dans des pentes à priori importantes et va générer des déblais potentiellement considérables. Quelle largeur aura le futur tracé :2m ou bien 6m ?
Des pêches électriques ont permis de montrer qu’il existe des truites à tous les étages du cours d’eau. Certes, la reproduction dans le futur tronçon court circuité parait difficile, mais le transit existe. ...La partie avale du cours d’eau est beaucoup plus riche en salmonidés. Comme le signale l’autorité environnementale dans ses avis l’impact de la diminution importante du débit du cours d’eau ne saurait être qualifiée de modérée. Quand on lit qu’avec le débit réservé proposé la surface mouillée devrait rester la même on ne peut qu’avoir des doutes.. Cela parait invraisemblable.
La prise d’eau si nous comprenons bien le dossier sera munie d’un système permettant aux poissons captés d’éviter le broyage dans la turbine. Ce point mériterait d’être confirmé clairement.
3°) Mesures en « faveur de l’environnement ». Cette expression ne peut s’appliquer qu’à la production d’électricité « renouvelable » en principe s’il continue à pleuvoir autant.. Il est probable que le milieu naturel se serait bien passé de l’artificialisation envisagée. Le reverdissement des talus et l’enterrement de la conduite sont évidemment nécessaires, c’est bien la moindre des choses. Mais il faudra du temps pour que la végétation digère les saignées qui vont être réalisées. Voir les travaux menés en aval sur Landry.. Il est indiqué dans le dossier que différents infranchissables rendent la montaison des poissons très difficile. Ils sont listés et ont été répertoriés précisément page 44 de l’étude d’impact. Si la société pétitionnaire souhaite réellement prendre des mesures en faveur de l’environnement, elle pourrait financer et réaliser des travaux permettant d’éliminer plusieurs de ces obstacles permettant d’améliorer le lien Isère -Ponthurin pour les truites. Cela bien sûr ne pourrait se faire qu’en collaboration avec la fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques. Il n’est pas certain que tous ces obstacles puissent être supprimés sans dégâts supplémentaires. Cela mériterait étude et concertation.
Un suivi environnemental devrait avoir lieu 3 et 5 ans après l’aménagement. Que se passera-t-il s’il apparait une disparition des poissons ou de certains invertébrés ? L’arrêté préfectoral sera-t-il corrigé ou annulé? Le débit réservé sera -t-il revu à la hausse ?
En conclusion l’association Vivre en Tarentaise propose que l’on s’assure de la présence ou non dans le Ponthurin de l’invertébré rarissime repéré dans le Nant Bénin. La baisse de biodiversité en France et ailleurs est telle que nous ne pouvons pas négliger ce point.
Dans le cas où il serait absent nous souhaitons que le débit réservé soit augmenté à 300L/s compte tenu des incertitudes relatives au débit effectif du cours d’eau et à sa variabilité journalière et saisonnière. Nous souhaitons également que le pétitionnaire finance la levée de plusieurs infranchissables dans le lit du Ponthurin afin d’améliorer la montaison des truites dans le cours d’eau. L’aménagement aurait ainsi un réel impact positif sur un tronçon de la rivière. Il faudrait également que l’abandon de l’équipement du Nant Bénin soit confirmé officiellement.