Le cas du Nant de Tessens retient l’attention de nombreux observateurs depuis plusieurs années. Le dossier présenté a beaucoup évolué par rapport à ce qui était initialement envisagé. Il concerne effectivement une portion de cours d’eau assez raide et très peu propice à la montaison des poissons. Mais la présence de poissons ayant survécu à la dévalaison montre que certains tronçons abritent malgré tout une faune aquatique. Le schéma page 49 montre qu’un bon tiers du parcours qui va être court-circuité pourrait héberger des poissons. Mais il n’y a pas que les poissons... et l’absence de batraciens sur le site paraît surprenante. Sur le trajet de la conduite forcée, on note qu’il est envisagé de détruire différentes stations de fétuque du valais (espèce protégée). Au-delà de l’autorisation de destruction demandée, il serait intéressant de proposer des mesures compensatoires.
Il est clair que cet aménagement, s’il se réalise, va permettre de produire davantage d’électricité renouvelable : 5300MWH par an d’après les estimations. La commune d’Aime fait partie de l’assemblée de pays Tarentaise Vanoise qui élabore actuellement un plan Climat Energie. Il faut souhaiter que ce Plan reprenne les engagements internationaux de la France afin de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre. Pour respecter les objectifs de réduction, il est indispensable de développer la production d’énergie renouvelable, mais il est tout aussi important de réduire la consommation et d’augmenter l’efficacité énergétique. La communauté de communes « les Versants d’Aime » a fait réaliser une étude sur le potentiel présenté par l’énergie photovoltaïque. Les résultats sont intéressants, mais il serait important de se pencher très sérieusement sur les moyens à employer pour faire baisser notablement la consommation d’énergie en Tarentaise. Faute de quoi il ne servira à rien d’artificialiser de nouveaux milieux naturels.
La partie avale du cours d’eau qui ne sera pas aménagée est connectée à l’Isère, mais un ouvrage sous la voie ferrée rend la montaison des poissons impossible. Il paraitrait normal qu’au titre des mesures compensatoires, il soit prévu de remédier à cette situation.
La haute vallée du Nant de Tessens appartient au massif du Beaufortain qui constitue un ensemble paysager remarquable. Elle abrite des rapaces et des ongulés. Ce secteur est le siège d’une activité touristique importante grâce au réseau de sentiers existant. Malheureusement les pistes d’alpage de la commune (dont celle de Tessens et de Villette) sont le siège d’une circulation motorisée non maitrisée. Il serait souhaitable que la commune réglemente celle-ci afin de créer une vaste zone de silence propice au ressourcement. Un courrier adressé à la commune d’Aime par plusieurs associations à ce sujet est resté sans réponse à ce jour.
L’association Vivre en Tarentaise émet donc un avis favorable pour ce projet particulier sous réserve que les remarques ci-dessus soient prises en compte.