Mais, il serait dommage d’en rester là et c’est pourquoi, nous nous permettons de vous transmettre en l’état nos réflexions et propositions faisant suite à cet échange.
Il apparaît évidemment que ce dossier doit être examiné au sein d’un panel de différentes mesures permettant d’abord de développer des économies d’énergie et ensuite de mettre en place des moyens renouvelables de production d’énergie. La prochaine réunion organisée par le CLD pourra peut être permettre d’élargir la réflexion dans cette direction.
Le contrat de bassin versant dont l’élaboration semble en phase finale, se doit de permettre d’atteindre le bon état aquatique des milieux. Il semble paradoxal de porter atteinte aux derniers ruisseaux « vierges de tout équipement » dans une vallée qui contribue pour une part importante à la production d’hydroélectricité nationale. Peu de territoires peuvent en France se prévaloir d’une telle contribution !
De nombreux cours d’eau dotés de microcentrales ne possèdent pas d’échelle à poissons : le Versoyen, le Ponthurin…. Le respect des débits réservés ne peut servir d’alibi. Observons l’Isère en amont ou en aval du barrage d’Aigueblanche. Il ne s’agit pas de la même rivière ! Réduire notablement le débit des derniers cours d’eau de Tarentaise reviendrait en quelque sorte à vendre les bijoux de famille….
Notre vallée vit pour l’essentiel du tourisme d’hiver, mais il apparaît que beaucoup d’acteurs s’accordent sur la nécessité de redynamiser le tourisme d’été en valorisant mieux notre patrimoine. Il nous semble évident que l’eau, les ruisseaux, les cascades, les milieux aquatiques font partie intégrante de nos paysages. Le conseil général ne prévoit–il pas de développer le tourisme pêche ? Notre territoire n’est-il pas en train de dresser un inventaire de son patrimoine naturel ? Ne devrions nous pas dans le cadre de ce contrat de bassin faire un inventaire des ruisseaux qui seraient dignes d’y figurer pour leur richesse biologique ou leur intérêt paysager ?
Des différentes interventions, nous retiendrons que le potentiel présenté par les conduites d’eau potable ne saurait être négligé. L’éventualité d’utiliser également les canalisations d’eaux usées ne peut être écartée d’autant que certaines d’entre elles sont à construire. Cet aspect du dossier semble d’ailleurs rassembler tous les acteurs.
L’agence de l’eau tout en soulignant ce point a éclairé également l’assistance en matière de rendement des équipements existants. Les gains potentiels en matière d’optimisation seraient supérieurs à ce que l’on pourrait attendre de nouveaux aménagements.
En matière réglementaire, on remarque qu’un statut de protection est prévu en 2014 pour certains cours d’eaux remarquables. L’hypothèse d’une course contre la montre entre « aménageurs » et « protecteurs » ne peut être exclue….
Le contexte politique national vient interférer également dans notre débat. En effet, la suppression éventuelle de la taxe professionnelle aurait sans doute un effet démobilisant et déterminant sur nombre d’élus. La simplification du « mille feuilles » pourrait relativiser les bénéfices financiers attendus par certaines petites communes….
En guise de conclusion, le milieu associatif remarque que les collectivités de Tarentaise semblent se rallier à l’idée d’un schéma de cohérence territorial (SCOT). Beaucoup d’acteurs reconnaissent qu’il ne parait plus raisonnable de gérer l’espace à l’échelle communale si l’on souhaite maintenir le caractère montagnard de notre territoire. Chaque commune doit-elle se doter d’une zone commerciale ou artisanale ? Faut-il urbaniser en continu le fond de vallée d’Albertville à Bourg Saint Maurice ? Faut-il dénaturer certains de nos sites emblématiques en les couvrant de remontées mécaniques ? Beaucoup de personnes répondront non à cette question. L’Etat à travers la publication du projet de directive territoriale semble d’ailleurs soucieux d’encadrer un certain nombre de dérives dans ce domaine.
D’une certaine façon le contrat de rivière devrait être un « Scot de la gestion de l’eau ». Il l’est déjà dans la mesure où les études portent sur tout le territoire, où des solidarités sont mises en place en terme de gestion de l’eau potable, des eaux usées ou encore pour la neige de culture. De même pour la restauration de certains milieux aquatiques ou encore l’entretien des berges. Malheureusement ce dispositif semble comporter une faille en matière de micro-hydroélectricité. Le chacun pour soi est possible ! Hélas pour notre patrimoine naturel !
Seule une volonté politique commune pourrait faire échec à cette tentation du chacun pour soi qui d’ailleurs pourrait devenir dérisoire dans l’hypothèse de la disparition de la taxe professionnelle ou encore du regroupement des communes.
Nos élus ont eu le courage de s’engager en direction d’une gestion collective de l’espace Tarentaise. La cohérence les conduira t’elle a envisager une démarche similaire en matière d’eau ?
Le comité de bassin versant restera t-il muet face au risque de dégradation des derniers cours d’eau de la vallée ? Un comité restreint rassemblant les différents acteurs ne pourrait-il pas proposer un ou des avis au sujet des futurs aménagements ?
Messieurs les Présidents, en souhaitant vivement que les élus de Tarentaise trouvent le courage politique nécessaire à la préservation de notre patrimoine naturel, nous vous adressons nos sincères salutations.