Air

Pollution atmosphérique, que savons nous ?

Pollution de l'air en Tarentaise
La population tarine s’interroge souvent sur l’importance de la pollution atmosphérique. De quoi parle-t-on, quels sont les principaux polluants et quelles sont les sources de ces pollutions ?
Les touristes qui viennent été comme hiver en montagne seraient peut être surpris d’apprendre que l’air de nos montagnes n’est pas aussi pur que l’on pourrait l’espérer..

L’inquiétude qui règne au sein de la population vient de la présence d’une couche plus ou moins opaque bien visible en fond de vallée notamment en période anticyclonique.. La circulation automobile est bien sûr pointée du doigt, mais est-elle la seule responsable de ces maux ?
Il existe un organisme chargé de la surveillance de l’air dans la région AURA : le réseau ATMO. Vivre en Tarentaise est membre du réseau depuis sa création. A ce titre, elle reçoit les rapports annuels concernant les différents départements concernés. Mais celui relatif à la Savoie s’appuie sur les mesures effectuées dans les agglomérations. Il n’existe pas de capteurs en Tarentaise et les informations disponibles proviennent de modélisations effectuées par comparaison avec d’autres vallées alpines. Même si ce point laisse planer quelques interrogations il est possible d’avoir une idée des polluants probables et de leurs concentrations.
Les classiques :
1°) Les oxydes d’azote (NOX) générés par la circulation automobile pour 59%. La concentration en oxyde d’azote baisse régulièrement depuis une vingtaine d’année, mais trop de personnes sont encore exposées à des concentrations dépassant les seuils réglementaires. Il est clair que la disparition programmée des moteurs diésels devrait permettre de faire baisser encore le nombre de personnes impactées. Le NO2 est la cause d’irritations pulmonaires et peut provoquer des crises d’asthme.
2°) L’ozone (O3). Ce gaz est un polluant secondaire. Il est généré par l’action de l’oxygène de l’air sur les oxydes d’azote en présence de lumière. Les concentrations en ozone dans l’air savoyard sont en hausse constante malgré la baisse des émissions d’oxydes d’azote. Le trioxygène est très présent en Tarentaise et parfois dans des espaces comme le PNV. Les masses d’air se déplacent parfois sur de longues distances. Pour agir sur ce facteur de risque il est donc nécessaire de réduire encore les concentrations en oxyde d’azote. Fin du diesel, moteurs électriques et surtout transport en commun.... (L'ozone accroit le risque de décès par maladies pulmonaires et cardiovasculaires.) Ce gaz est nuisible également pour les cultures et les forêts)
3°) Les particules fines.
On distingue les PM2.5 de taille inférieure à 2.5μm, les PM10 et les PUF (particules ultrafines). Le transport routier n’est responsable en Savoie que de 12 à 13% des émissions de particules.. 63% des émissions des PM 2.5 proviennent du chauffage au bois. C’est un fait qui dérange bien des habitudes. Dans ce domaine, les marges de progrès sont offertes par la suppression des foyers de cheminée ouverts, par le remplacement des poêles anciens par des modèles performants et surtout par le recours aux pellets. Ces derniers émettent au moins deux fois moins de particules fines que les poêles à bois buche... Les particules fines pénètrent profondément l’arbre pulmonaire et peuvent provoquer des irritations, des crises d’athme, ou des problèmes cardiovasculaires...
Les autres polluants.
D’autres molécules sont suivies et peuvent avoir un impact important sur notre santé.
Les COVNM : composés organiques non méthaniques. Il y a des nombreuses activités qui contribuent à l’émission de ces molécules : des activités artisanales ou industrielles mais encore également le chauffage au bois (pour 44% des émissions régionales)....
Les HAP qui font partie des COVNM : les hydrocarbures aromatiques polycycliques : cancérigènes ils proviennent de la mauvaise combustion de la biomasse ou des combustibles fossiles : fioul , brulage de déchets verts en plein air.. Il faut poursuivre l’information à ce sujet et sur l’intérêt présenté par les broyeurs pour les jardiniers amateurs et les agriculteurs.
Les dioxines. Ces molécules complexes sont hélas tristement célèbres en Tarentaise à cause du scandale de l’usine d’incinération de Gilly sur Isère. Les usines de Tignes, Valezan Moutiers émettaient également ces composés dangereux. Ces usines ont été fermées rapidement ou progressivement après différents travaux de mises aux normes plus ou moins satisfaisants. Il faut encore rappeler que le brulage à l’air libre de déchets végétaux dégage des quantités considérables de dioxines. Malheureusement des jardiniers amateurs et certains éleveurs continuent le brulage de foin souillé ...
Les sites industriels comme celui de Pomblière et de Château Feuillet émettent également différents polluants. Ces sites font l’objet d’une surveillance réglementaire. Il faut reconnaitre que des efforts sur les deux sites ont été faits et que les odeurs ont bien diminué. Mais il reste des marges de progrès pour réduire encore les odeurs de chlore, les émissions d’oxyde de soufre ou encore d’oxyde de sodium...
Notre agriculture émet également du méthane (CH4 ) et de l’ammoniac (NH3). Une partie du carbone émis sous forme de méthane est stockée dans le sol si les vaches pâturent mais en laissant un couvert végétal. Attention au sur pâturage car le méthane est un puissant gaz à effet de serre.. Les émissions d’ammoniac de l’élevage bovin sont très importantes et la France est condamnée par l’union européenne pour ses émissions. Des objectifs de réduction ont été décidés, ils impliquent de limiter les apports de protéines (Croquettes ?) pour les animaux et de mieux gérer les déjections en séparant l’urine des fèces par exemple (attention au lisier..) et en adaptant le matériel d’épandage. Il serait bon de faire le point en Tarentaise sur ces émissions. L’activité agricole émet également des PM2.5...
Il existe hélas des artisans ou des particuliers qui brulent tout et n’importe quoi dans des poêles...Récemment le brulage de sciure mêlée à des résidus plastiques a été suspecté à Landry, mais ce cas n’est sans doute pas isolé et nombre de panaches de fumées mériteraient d’être auscultés..
Pour le moment aucune surveillance globale n’est exercée sur notre vallée. La question a été abordée récemment au niveau de l’APTV. Les collectivités de Tarentaise ne sont pas adhérentes du réseau ATMO en dehors de la CCCT et elles sont donc mal placées pour demander un suivi plus approfondi que les modélisations effectuées jusqu’à présent. Souhaitons que le pas soit franchi afin que l’on puisse disposer d’informations plus précises et le cas échéant cibler des actions permettant de réduire les excès...
L’exemple de nos voisins des Bauges peut en effet nous alerter : en 2008 une importante pollution aux particules fines a été détectée à Lescheraines. « Certains jours les taux étaient dix fois supérieurs à la norme admissible. La biomasse représenterait 88 % des émissions de poussières totales, 80 % des émissions de PM10 et 82 %
des émissions de PM2,5. La caractérisation chimique des particules sur Lescheraines indiquait que la combustion du bois était la principale source des émissions mais il n'a pas permis de définir la part de responsabilité entre le secteur industriel et domestique (notamment le chauffage au bois et le brûlage de déchets par l'artisanat et les
populations locales)".Le cas de Lescheraines met en exergue la nécessité de mieux connaître la situation des petits émetteurs industriels, nombreux et disséminés sur le territoire, vis‐à‐vis du contexte réglementaire des émissions ou en vue d'une action des pouvoirs publiques plus ciblée ».
D’autre part dans la vallée de l’Arve une action a été financée par les communautés de communes pour remplacer les foyers ouverts et les poêles anciens : objectif remplacer 3500 unités en 3 ans..
( https://www.senat.fr/questions/base/2019/qSEQ191012722.html)
Enfin il est bon de savoir que les normes françaises sont plus laxistes que celles recommandées par l’OMS. (Comme pour le radon...) Par exemple le seuil réglementaire français pour les particules PM2.5 est de 25μg/m3 alors que l’OMS recommande 10μg/m3
Si action il y a un jour elle devra bien sûr s’inscrire dans un Plan Climat Air Energie Territorial. Comment limiter la part de la pollution due au transport routier sans réfléchir à l’augmentation de la part de transport collectif ???
Essayons de tirer les choses au « clair » !
 

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